Le curé Antoine Labelle, vers 1860
PHOTO : BAnQ
Quand le curé Labelle voit la chute aux Épinettes Rouges (là où se trouve aujourd’hui la halte routière) de la rivière de la Petite Nation, il ne peut s’empêcher de suggérer d’y construire un moulin à scie. En 1883, M. Zotique Thérien y construit un moulin à scie et un moulin à farine. Ces moulins sont aujourd’hui disparus, mais attention, un rejeton est prévu pour bientôt.
En 2015, nous avons récupéré les pièces d’origine du moulin à scie de Jarnac (moulin des Lacombe dans la municipalité de Mulgrave-et-Derry) datant des années 1890 afin d’en assurer la conservation et la protection. Au moyen de ces pièces, nous projetons de reconstituer un moulin à scie artisanal actionné par l’eau à Duhamel. Le but est d’en faire un centre d’interprétation de ce type de moulins à scie.
Les moulins à scie artisanaux ancestraux ont servi à bâtir les hameaux et villages qui sont aujourd’hui nos milieux de vie ruraux, villageois et, même, certains de nos vieux secteurs urbains. La plupart de ces moulins ont disparu ou sont en état de désuétude avancée. Ces témoins d’un pan important de notre histoire méritent qu’on les préserve, qu’on en conserve la mémoire et qu’on les mette en valeur.
C’est cette mémoire que nous voulons conserver et transmettre avec le projet de centre d’interprétation des moulins à scie artisanaux ancestraux à Duhamel. Ce « nouveau moulin à scie ancestral » sera construit sur le lieu que le grand Roi du Nord avait lui-même identifié. On y présentera une exposition permanente et des expositions temporaires et on y animera des ateliers participatifs pour les petits et les grands.
Le terrain est trouvé. Des études techniques ont été menées ou sont en cours. Une étude de faisabilité concluante a été réalisée. La Municipalité de Duhamel, la MRC de Papineau et la Fiducie Lauzon et nous-mêmes avons contribué à ce jour plus de 100 000 $ globalement, sans compter la valeur du terrain identifié et dont on nous a assuré l’usage. L’estimation préliminaire de la seule construction du centre d’interprétation avec sa salle d’ateliers est de 4 500 000 $. Nous nous préparons à solliciter de grandes institutions, des fondations et des entreprises dans le cadre d’une campagne de sollicitation de 500 000 $ visant à recueillir les fonds autonomes nécessaires pour justifier l’octroi de subventions publiques.
Notre mission patrimoniale se décline comme suit : pour la mémoire et la fierté de nos racines et de notre histoire. Nous sommes actifs sur le territoire de la MRC de Papineau depuis plus de 30 ans. Une part de notre mission consiste à sauvegarder et à conserver des éléments importants de notre patrimoine.
L’ancien presbytère de Plaisance
Au début des années 1990, nous avons acheté l’ancien presbytère de Plaisance (datant de 1902). Nous l’avons restauré et agrandi et nous en avons fait notre centre d’interprétation du patrimoine durant quelque 25 ans. Ce projet a été réalisé en partenariat avec le ministère de la Culture et des Communications du Québec, la MRC de Papineau, la Municipalité de Plaisance et la communauté de Plaisance. Aujourd’hui, ce joyau patrimonial affiche toujours fièrement sa prestance et abrite le nouveau Centre d’art populaire du Québec.
La maison ancestrale de Plaisance
L’une des maisons qui se trouvaient autrefois au
village North Nation Mills, aux chutes de Plaisance,
a été déménagée sur la montée Papineau à Plaisance au moment du démantèlement de ce village. Ce bâtiment pièce sur pièce a été l’objet d’une évaluation patrimoniale par un consultant spécialisé en la matière.
Cette étude conclut que le bâtiment possède des qualités indéniables et qu’il se démarque au point de vue de plusieurs valeurs : voir l’encadré ci-dessous.
Patrtimoine Papineau a donc racheté cette maison et nous projetons de la retourner à son lieu d’origine, les chutes de Plaisance, en collaboration avec le ministère de l’Environnement, de la Lutte aux changements climatiques de la Faune et des Parcs et la Sépaq
(Parc national de Plaisance). Ce projet est en bonne voie de réalisation.
Les pièces d’origine du moulin à scie de Jarnac ancien presbytère de Plaisance
En 2015, nous avons récupéré les pièces d’origine du moulin à scie de Jarnac (moulin des Lacombe dans la municipalité de Mulgrave-et-Derry) datant de 1890. Nous les conservons depuis. Notre objectif est de les restaurer au besoin et de les intégrer au centre d’interprétation des moulins à scie artisanaux ancestraux qui verra le jour à Duhamel de manière à reconstituer un véritable moulin à scie d’époque actionné par l’eau.
La chaudière à vapeur
Au cours de l’année 2022, l’un des administrateurs de Patrimoine Papineau, Guy-Louis Poncelet, a été informé de la présence sur la terre d’un citoyen de Plaisance, Jean-Claude Vermette, d’une vieille chaudière à vapeur. Nous avons fait pratiquer une expertise sur la chaudière par un expert en la matière et celui-ci en est arrivé à la conclusion qu’il s’agissait d’un stationnaire, une chaudière à vapeur qui pouvait être déplacée par des chevaux et qui servait à actionner de la machinerie, comme des batteuses. À la fin de 2022, nous avons opté pour chercher un emplacement sur le territoire de la MRC de Papineau où exposer la chaudière. Des démarches sont en cours.
Et la sauvegarde du patrimoine immatériel
En 2020 nous avons lancé le projet de mettre en ligne toutes les vidéos qui faisaient partie de l’exposition parCOURS d’EAU – Récits des rivières au Centre d’interprétation du patrimoine avant sa fermeture en 2019. Le reformatage des vidéos, 79 au total, pour leur nouvelle fin a pu être exécuté en 2021 et, parallèlement, la conception et l’aménagement du site Web – parcoursdeau.com – ont été mis en œuvre.
Au début de 2022, les vidéos ont été mises en ligne. Nous avons profité de diverses journées ou semaines thématiques nationales ou internationales pour diffuser certains contenus correspondants aux thèmes valorisés.
Voir parcoursdeau.com
Premier village industriel du territoire : North Nation Mills
Premier pôle d’industrialisation dans la seigneurie de la Petite-Nation, son histoire remonte au tout début du XIXe siècle. À cette époque, Joseph Papineau, seigneur de la Petite-Nation, y fait construire un premier moulin à scie afin de profiter de l’abondance de la ressource forestière de la vallée.
Son fils, Louis-Joseph, acquiert la seigneurie en 1817, mais préfère louer le moulin et en tirer une rente sur les coupes de bois. Le site, communément appelé La Réserve du Moulin, verra se succéder plusieurs entrepreneurs forestiers, dont Thomas Mears (1821-1834), Peter McGill (1835-1847) et Alanson Cooke (1847-1852).
En 1852, Papineau décide de vendre la propriété. Alanson Cooke s’en porte acquéreur. Endetté, celui-ci devra la céder deux ans plus tard à la compagnie Allan Gilmour qui verra à la reconstruction de plusieurs bâtiments, dont le deuxième moulin à scie. En 1866, c’est la compagnie John A. Cameron qui s’installe à North Nation Mills jusqu’en 1882. Le site est alors vendu à la compagnie W.C. Edwards de Rockland. Pendant plus de 30 ans, les Edwards seront ainsi les maîtres d’œuvre du village de quelque 300 habitants.
On y retrouvait un magasin général, qui servait aussi de bureau de poste et de bureau télégraphique, ainsi qu’une boutique de forge et de menuiserie, une beurrerie et fromagerie. Les ouvriers et leurs familles logeaient dans de petites maisons tandis que les hommes de chantier habitaient la maison de pension. Pour leur part, les dirigeants habitaient des maisons cossues au tournant de la rivière. North Nation Mills avait aussi son école et son église de dénomination baptiste.
Vers 1903, l’avenir du village North Nation Mills est scellé. Le moulin à scie, moteur de l’économie locale, est démantelé, puis déménagé probablement à la ferme Sixes de Bouchette, autre propriété de la compagnie W.C. Edwards. Le déclin du village s’amorce.
En 1920, la propriété de la compagnie est vendue à la compagnie Gatineau Power qui verra à ce que les bâtiments soient détruits. Plusieurs de ces bâtiments ont été achetés, démantelés puis reconstruits dans le nouveau village de Plaisance, plus près du chemin de fer et de la route Hull-Montréal.
Le site du « Grand-Sault-de-la-Chaudière » attire aujourd’hui plusieurs visiteurs. La chute magnifique, entourée d’un boisé remarquable, en fait un site naturel pittoresque où il fait bon renouer avec la nature et l’histoire des pionniers de la région...